Unbreak dans le bush, par CZH – Jeudi 24 avril

Dans la matinée, nous voici de retour sur les lieux, les travaux reprennent, nous parvenons à 1,30m de profondeur. Philippe entame à nouveau la glace à la tronçonneuse quand soudain l'eau jaillit derrière la lame en un long geyser qui lui laisse tout juste le temps de s'extraire du trou. Mais là, surprise: l'eau remplit le trou jusqu'à la surface en s'infiltrant par une fissure de 2cm d'épaisseur ! Plus moyen d'atteindre le fond du trou avec la tronçonneuse ! Nous partons en quête d'un objet suffisamment long et solide pour tenter de percer ce qui reste de glace, finissons par dénicher un tuyau de cuivre, tapons comme des forcenés pour agrandir le trou. Ça cède, dirait-on ! Et ça s'embourbe ! Pas de fond, nous sommes trop prêts du bord !!! Jonah, les absents on toujours tort, en prend pour son grade !!! A150m du bord, vous pouvez y'aller qui nous avait dit !!! Grrrr ! Une grande lassitude m'envahit. Philippe et Agathe tentent en vain de me motiver avec de bonnes blagues. Même pas drôle !

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On se rabat sur quelques troncs que l'on débite, et sur la lecture de Dracula. Et puis une tempête se profile. À la radio, entre crachouillis et borborygmes, on capte que Georges et son chasseur sont bloqués par le coup de vent qui déjà fait rage à Paulatuk. Surplombant l'immensité paisible bleu, blanche puis rose du lac, on se mijote une platée de pâtes sans penser au lendemain. Un peu plus tard, le vent nous rejoint. On se contente de charger le poêle, jouer aux cartes, dénicher des bouquins. Dehors, la neige tourbillonne, gommant toute visibilité et le vent hulule dans les interstices de la baie vitrée. Et passe la dépression et revient le soleil. Nous sommes à nouveau prêts pour casser la glace ! Cette fois Agathe reste à la maison et nous regarde partir un poil goguenarde. 600m plus loin, nous réopérons. Et vas-y que je te coupe et casse et déblaie. P*tain de glace :1m, 1m20, 1m30, 1m50… à ce niveau Philippe agit finement, il quadrille sans enfoncer la lame trop profondément de façon à obtenir un trou suffisamment gros lorsque l'eau jaillira. Et miracle, ça se passe comme prévu ! On agrandit le trou, toujours à l'aide du tuyau et voilà le travail ! Ouf ! Pas peu fiers ! Y'a plus qu'à pêcher mais il se fait tard et nous remettons les réjouissances au lendemain.

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Luxe, calme et volupté, les jours s'écoulent dans le silence et la solitude, ainsi que nos réserves d'ailleurs. On ruse sur les préparations. Le riz au lait remplace les flocons d'avoine qui ont remplacé le pain. La pêche ne donne rien jusqu'au jour où…29 avril oblige (anniversaire d'Agathe), dans un élan de solidarité et d'extrême générosité, une truite s'élance sur l'appât et s'agrippe à l'hameçon. BELLISSIMA !! Une truite orangée magnifique ! Après l'avoir dûment remerciée pour son sacrifice, nous avons tôt fait de lui régler son compte : en filet lardé à la poêle ! Délicieuse ! La queue, la tête, les arrêtes finissent en soupe. On n’en perd pas une miette.

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Puis passent d'autres journées, paisibles, belles. Jonah est maintenant occupé à toute une série de meetings au village. Il fait partie du conseil des anciens et sa participation aux réunions constitue pour lui une source de revenus. Sa venue est ajournée 1 jour, 2 jours, 3 jours … Cela fait pratiquement 2 semaines que nous sommes maintenant à Bekere Lake.
« Jonah, Jonah, 705 Bekere Lake, do you copy ? »
Racle, renâcle, crache, expectore, on finit par se comprendre. Jonah a maintenant cassé son skidoo, mais Georges va à son tour lui prêter le sien (nous n'essayons même pas de chercher une logique, ici c'est comme ça !). Demain matin, il vient nous chercher pour nous ramener !

(A suivre)


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