13 février 2014: La résidence d’artiste Le Bateau Givre prend une autre forme que celle initialement prévue, par Phil le marin

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Manguier1

image virtuelle réalisée par Béa S. http://www.bacom.fr

Initialement prévue: comme nous l’avons souligné dans une note précédente, voilà deux termes qui ont une signification très différente ici en Arctique …

Bateau givré

Cela fait déjà pas mal de temps que je voulais vous tenir informé de la tournure prise par le projet. D’autant que nous avons été assaillis de questions lors de notre récent passage en France ! Alors, alors, c’est qui, c’est quoi, c’est comment ! Preuve, s’il en fallait une, de la pertinence du projet. En bon marin (en tous cas j’espère), je fais le point:

 Au 31 juillet 2013, nous avions reçu une quinzaine de dossiers de candidature. La grande majorité d’entre eux étaient réfléchis, bien construits, mais émanant dans la quasi totalité de personnes n’ayant que peu ou pas d’expérience de vie dans des « conditions extrêmes », et aucune concernant la vie en Arctique. Dans ces conditions, c’était un pari hautement risqué et lourd de responsabilités de répondre de manière positive à ces candidatures. Il m’a semblé délicat d’embarquer un groupe d’artistes non préparés dans une aventure extraordinaire mais non exempte de dangers. Car si je n’ai aucune prétention à me présenter comme un aventurier de l’Extrême, soumis « aux effrois de la glace et des ténèbres » (j’adore le titre de ce bouquin !), il n’en demeure pas moins que le quotidien de l’Arctique est dangereux et sanctionne immédiatement la moindre erreur.

 Il aurait été sans doute possible, fin juillet, de continuer à chercher d’autres artistes désireux d’embarquer. Certains d’entre eux d’ailleurs, plus habitués à ce genre d’aventures, étaient encore indécis. Mais je me suis heurté là à un deuxième problème, matériel celui-ci. L’organisation d’une résidence d’artistes dans l’Arctique nécessite une logistique lourde. Au niveau des transferts, de la nourriture, des vêtements, des déplacements sur place. Et cette logistique nécessite une véritable équipe pour être menée à bien, surtout quand on ne dispose pas de fonds propres. Laetitia, qui m’avait aidé au cours du printemps, a du s’arrêter avant l’été. Ayant trouvé du boulot, son choix fût rapide, d’autant que les « frais de mission » que j’avais pu lui donner ne permettaient pas d’aller bien loin … De mon côté, j’étais trop occupé à chercher le lieu d’hivernage propice au Manguier, et donc pas disponible pour chercher des partenaires, faire de la com, etc … etc …, enfin toutes ces choses qui sont indissociables d’un projet d’envergure …

La résidence d’artiste Le Bateau Givre n’aura donc pas lieu cette année, mais il s’avère que ce concours de circonstances regrettable a en fait joué en notre faveur. Pour une raison bien simple, que je qualifierai de « nécessité d’une bonne appréhension de l’Arctique ». Que ce soit au niveau du climat, au niveau sociologique, ou à un niveau plus personnel, l’Arctique demande à être bien connu.

Ce premier hivernage nous apprend beaucoup: sur nous, sur le bateau, sur l’Arctique, et surtout, surtout, sur les gens qui vivent ici. Ce qui est vraiment une condition sine qua non, quand l’objectif de cette résidence est aussi (et peut être avant tout) de créer des échanges entre les artistes embarqués et la population inuit. Ce premier hivernage à Paulatuk est une étape incontournable à la réalisation de ce projet, et il eut été mal venu de vouloir brûler les étapes.

 Je souhaite vivement pouvoir mettre en place ce projet au cours d’un prochain hivernage, et d’ores et déjà, je lance un appel aux « bonnes volontés » qui souhaiteraient, avec moi, faire que ce beau projet se réalise !


February 13: The Frost-boat’s artists residency is taking a different shape from the one originally planned, by Sailor-Phil

« Originally planned »: as highlighted in a previous blog, here are two words that have a whole different meaning here in the Arctic …

It has been quite some time now, I wanted to keep you updated about the direction taken by the project. Especially since we were submerged by questions during our recent visit to France! So then, who?, what?, how? A proof, if needed, that it’s an compelling project. As a good seaman (at least I hope), here is a briefing:

July 31, 2013, we had received a dozen of files as candidating to be part of it. The vast majority of them were thoughtful, well-writen, but in almost all of them, coming from people who have little or no experience of living in « extreme conditions » and none about life in the Arctic. Under these conditions, it was a highly risky bet and a heavy responsibility to reply positively to these applications. It seemed difficult to pick a group of unprepared artists into an extraordinary adventure, but not without dangers. Because if I take no glory in presenting myself as an adventurer, subject to « The Terrors of Ice and Darkness » (I love the title of this book!), but daily life in the Arctic remains dangerous and immediately punishes the slightest mistake.

It would probably have been possible, in late July, to continue looking for other artists wishing to embark. Some of them also, more accustomed to such adventures were still undecided. But I was facing a second problem, material thereof. The organization of an artists residency in the Arctic requires heavy logistics. In transfers, food, clothing, travel on site. And this means a real logistics team to carried it out, especially when there is no own fund. Laetitia, who had helped me in spring, had to stop before the summer. Having found a job, her choice was quick, especially as the « mission fees » that I could pay her were not going very far… For my part, I was too busy looking for a suitable wintering site for the Manguier, and therefore not available to seek partners, to communicate about the project, etc… to make it short: all those things that are essential to an ambitious project…

The « Frost-boat » artists residency will therefore not take place this year, but it turns out that those unfortunate circumstances actually worked in our favor. For a very simple reason that I would describe as « need for a good understanding of the Arctic ». Whether it is about its climate, the sociological side, or on a more personal sight, the Arctic needs to be well known.

That first winter here is teaching us a lot: about the Arctic, about the boat, about us, and especially, especially, about the people living here. Which is really critical, as the objective of this residence is also (and perhaps primarily) to generate exchanges between artists aboard and the Inuit population. That first winter in Paulatuk is an essential step in the realization of this project, and it would have been inappropriate to force the pace.

I sincerely hope to be able to realize this project in the next winter, and already, I am calling on the « goodwill » that would, help me make this wonderful project happen!

English translation by Tanguy


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