Le retour du soleil ! par CZH

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Arrivés, il y a presqu’une semaine et toujours pas de nouvelles ! Mais que se passe-t-il donc là-bas ?

Eh bien suite à notre vol annulé pour cause de blizzard, nous nous sommes retrouvés à la première heure le lendemain matin à l’aéroport d’Inuvik.

En attente depuis trois jours se trouvait également une bonne partie du clan Ruben, dont Ray, le maire, parti en déplacement depuis plus d’une semaine. S’ensuivent des retrouvailles émues avec échanges de nouvelles. Pendant ce temps, au comptoir d’Aklak Air, nos bagages passent à la pesée. On a droit à 30kg par personne tout compris, le surplus est autorisé moyennant un « petit » supplément. On se console en se disant qu’après tout, sur les cinq avions qui nous ont acheminés ce n’est que le dernier qui nous fait payer l’addition.

Enfin, les passagers sont appelés pour l’embarquement. Le premier vol est complet, nous prenons le suivant. C’est à dire ? Celui qui part dix minutes plus tard et qui fait cargo. L’avion comporte seulement trois sièges à l’arrière de la soute, le reste est comblé par des paquets de cartons sanglés. Notre pilote, une toute jeune petite blonde, matelassée dans une épaisse combinaison de travail nous déplie l’échelle et nous donne les consignes de sécurité. Comment ouvrir la porte en cas de besoin, ne pas enlever ses gants et son bonnet tant que le chauffage ne fait pas effet, se munir de bouchons pour les oreilles. Philippe lui demande s’il serait possible de survoler Argo bay, histoire d’avoir un petit aperçu de notre bateau qui y est englacé. Pas de problème, si le temps le permet, nous répond-elle. Elle s’introduit derrière ses manettes, nous jette un dernier coup d’œil par delà le chargement, empoigne la manette des gaz et c’est parti !!

Il est environ 10 heures, le soleil se lève lentement, découvrant le paysage. Les collines, à perte de vue, sillonnées de rivières et marbrées de lacs. Tout est blanc, plissé, moelleux.

Une heure trente de vol. On ne distingue plus de silhouettes d’arbres, signe que nous approchons. Tout à coup, l’avion amorce sa descente, Argo bay se dessine dans les hublots et dans une large courbe, nous contournons le Manguier. Il est bien là !!! Toutes les bâches semblent intactes. Il est maintenant niché dans une grosse congère de neige qui lui arrive jusqu’au liston en dessous du plat-bord. Et zut pour l’appareil photo qui n’est pas à porté de main !!

Dix minutes plus tard, nous atterrissons à Paulatuk. Nous remercions chaleureusement notre pilote, qui nous répond modestement que ce fut un plaisir car elle n’a pas souvent l’occasion de se livrer à ce genre de petites acrobaties qui d’ordinaire effraient les passagers !

Le temps est au beau fixe, pas de vent, -26°C.

Le soleil apparaît nettement au dessus de l’horizon.

A la fois excités et déphasés, nous nous mettons en quête de nos multiples bagages disséminés dans le village. Le skidoo chez Bobby, l’équipement grand froid stocké dans les sous-sols de l’école, nos valises en balade dans un truck.

Au bout de quelques errements entrecoupés de retrouvailles, nous arrivons chez Olga, la maman de Ray qui a cuisiné une grosse soupe à l’oie. C’est gras, chaud et gouteux.

Dans la pièce à côté, il y a les moufles en peau de loup pour Philippe en cours de fabrication.

Une fois repus, la bouche huileuse et les joues enflammées par l’apport de calories, on passe à la deuxième phase des opérations, à savoir : quel endroit pourrons-nous habiter dans la ville ?

Rien n’étant tout à fait simple dans la gestion de communauté… et la crise du logement sévissant ici aussi, il apparaît que les lieux initialement prévus (ces deux derniers mots ne correspondent en fait ici à aucune réalité) ne sont pour l’instant pas disponibles.

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Un des lieux d’habitation initialement prévu …

Pas de problème ! Il fait encore jour, il n’y a pas de vent ! Nous enfourchons le skidou et nous traçons la piste en direction du bateau. Histoire que la situation se décante et voir aussi d’un peu plus près comment se comporte le bateau.

Cette fois, nous traversons la baie en ligne droite. Le ciel est rose, la neige presque phosphorescente forme des vagues figées sur la glace. A trois sur le skidoo (lourdement chargés) nous mettons une petite heure pour arriver au bateau. Il fait presque nuit.

A bord malgré les moins 20°C affichés par le thermomètre, tout est en ordre. Pas d’immenses stalactites, pas de parois givrées. Le poêle est allumé immédiatement, les bougies, la lampe à pétrole. En quelques heures la température remonte à +10°c. Des glaçons dans une casserole (toujours prévoir de l’eau douce avant de partir) sont mis à fondre en vue d’une grosse soupe. On organise un campement dans le carré (les cabines sont à -28°C). Un fond de whisky (un peu alourdi par quelques paillettes) nous souhaite la bienvenue et vers huit heures, c’est l’extinction des feux. On recharge le poêle en cours de nuit et vers huit heures du matin la température est à 2°C. Le temps est toujours au beau fixe. Philippe décide de repartir au village pour avoir des nouvelles de notre installation. En faisant le plein de la motoneige, le petit avion cargo nous survole et nous salue d’une inclination des ailes. On imagine notre souriante pilote aux commandes.

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Camping dans le carré

Philippe s’harnache, démarre et s’éloigne. Le soleil vient de poindre au dessus des collines, je motive Agathe pour sortir faire une balade. On emporte un grand sac plastique en guise de luge. J’avise l’immensité blanche, me souvenant que le coin n’est pas exempte d’ours polaire et même si aucun ne s’est installé dans le bateau durant notre absence, il y en a tout de même un qui a traversé le village la semaine dernière… Je ne me sens plus trop fière… Agathe dépitée me dit que si personne ne m’avait rien dit, je n’aurais rien changé à mes habitudes insouciantes. Eh oui ! là est toute la différence. Je fais la sourde oreille à ses railleries et nous restons néanmoins à une distance respectable de la coque rassurante du Manguier.

La journée se passe ainsi : sortir pour profiter du paysage et de ce bain de couleur pastel, rentrer pour charger le poêle et faire le plein de calories. Puis le soleil repasse derrière les collines, la lumière décline, nous sommes occupées à découper des cubes de neige dans une congère (dans l’idée de faire un igloo-chiotte) lorsqu’un point lumineux apparaît en ras de banquise. Nous partons à sa rencontre, un peu plus tard, on entend un vrombissement, puis c’est la silhouette de la motoneige surmontée de Philippe (un peu congelé tout de même).

On décongèle un filet de poisson et on attend les nouvelles, blotties au coin du feu…

Alors ?…

Alors ?…

Alors les choses se précisent, éventuellement le presbytère serait disponible moyennant quelques petits travaux : les dernières froidures ont endommagé le système de chauffage. Rien de rédhibitoire mais ça nécessite juste un peu de temps et même si l’on propose de mettre la main à la pâte, ici les choses vont (ou ne vont pas) à leur rythme et rien ne sert de s’exciter avec des dates et des plannings.

(à suivre …)

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The sunshine is back! by CZH

Landed almost a week ago and no news yet! What the heck is happening there?

Well, after our cancelled flight due to blizzard, we were back early the next morning at Inuvik airport.

Awaiting there for three days, was also a good part of the Ruben clan, including Ray, the mayor, out of Paulatuk for more than a week. A heartwarming reunion takes place with exchange of news, while our luggage are being weighed at the counter of Air Aklak. We are allowed to carry up to 30kg per person (all included), the overweight being possible with a « small » additional fee. We console ourselves: after all, of the five planes that transported us, only the last is charging us the extra.

Passengers are finally called for boarding. A first flight is full, so we board on the next. That is: the one who leaves ten minutes later as cargo. The plane only has three seats in the rear of the cabin, the rest is filled with trapped cartons. Our pilot, a small young blonde girl, wrapped in a thick quilted coverall, unfolds the ladder and gives us the safety instructions. How to open the door in case of emergency, do not remove your gloves and cap before the heater is showing effect, put your earplugs on. Philippe asked her if we could fly over Argo bay, just to get a glimpse of our « frosted boat ». No problem, provided the weather allows it, she answers. Then she seats in front of her controllers, we cast a last glance across the load, grabbed the throttle and go!

It’s 10 o’clock in the morning, the sun is slowly rising, uncovering the landscape. Hills, as far as the eye can see, crisscrossed with rivers and mottled with lakes. It’s all white, wrinkled and woolly.

An hour and a half flying. We cannot sight trees anymore, a sign that we are getting close. Suddenly, the planes starts going down, Argo bay is taking shape in the windows, and we spot the Manguier in a wide curve. She’s still there! All tarpaulins seem untouched. She’s now nestled in a big snowdrift reaching the strake, right below the gunwale. And crap… the camera isn’t at hand!!

10 minutes later we’re landing in Paulatuk. We warmly thank our pilot, who modestly answers it was her pleasure, since she doesn’t often have the opportunity to carry out this kind of small tricks that usually scares passengers!

The weather is good, no wind, -26°C / -15°F.

The sun clearly appears above the horizon.

Both excited and out of step, we start looking for our multiple luggages scattered around the village. The snowmobile at Bobby’s, the extreme cold equipment is stored in some basement of the school, our travel bags ride in a truck.

After a few wanderings intercut with reunions, we arrive at Olga’s, Ray’s mother, who cooked a big goose soup. It’s bold, hot and tasty.

In the next room, there are wolf-skin mittens for Philippe under manufacturing process.

Once replete, with an oily mouth and warm cheeks following the calories intake, we move to the second phase of operations, namely: Where can we live in the city?

Nothing is quite simple in community management… and the housing crisis raging here as well, it appears that the place originally planned (these two words do not in fact correspond to any reality here) are not yet available.

No problem! It’s still daylight time, there is no wind! We take the snowmobile towards the boat. So that the situation settles and in order to see a little more closely at how the boat is.

This time we cross the bay in a straight line. The sky is pink, the almost phosphorescent snow has shaped frozen waves in the ice. There are three of us on the snowmobile (heavily loaded) it takes us a small hour to get to the boat. It’s almost dark.

On board, despite -20°C (-4°F) displayed by the thermometer, everything is in order. No huge stalactites, no frosted walls. The stove is lit up immediately, candles, lamp oil. A few hours later, the temperature rises to 10°C / 50°F. We put ice cubes in a pan (always think about fresh water before leaving) melting into a big soup. Then we set up a camp in the wardroom (the cabins are still -28°C). A bottom of whisky (with glitter sparkling) welcomes us, and at about 8:00 PM we turn off the lights. The stove is reloaded during the night and at about 8:00 AM the temperature is around 2°C / 36°F. The weather is still good. Philippe decides to return to the village inquiring for news about our installation. When filling the snowmobile, a small cargo plane flies over us and greets us with a light wave of the wings. We imagine our smiling pilot in command.

Philip harnesses himself, starts and rides away. The sun is just breaking over the hills, I motivate Agathe out for a ride. We carry a large plastic bag as a sled. Staring at the white immensity, I remind myself that the area is not free from polar bears and even if none settled in the boat during our absence, still there was one that crossed the town last week … I do not feel too proud anymore… Agathe, vexed, tells me that if nobody had told me anything, I would not have changed my careless habits. Yes! there is all the difference. I turn a deaf ear to his taunts and we remain at a respectable distance from the reassuring hull of the Manguier.

The day goes like this: get out to enjoy the scenery of pastel colors, get in to reload the stove and the body their respective fuel. Then the sun goes back to bed behind the hills, the light fades. We are busy cutting cubes in a snow drift (with the aim to build an igloo-restroom) when a light point appears on the icy horizon. We go in its direction, a little later we hear a roar, then this is the snowmobile’s silhouette with Philippe on it (somehow a bit frozen anyway).

We unfreeze some fish fillet and wait for the news, nestling near the fire…

So?…

So?…

So, things are getting clearer: possibly the presbytery would be available with some small jobs before settling in. Latest cold waves damaged the heating system. Nothing insurmountable but it only requires a little time and even if we offer to give a good hand, things here will (or will not) go at their own pace, there is no point getting excited with dates and schedules.

(To be continued…)

English translation by Tanguy


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