C’est la plus belle journée que nous ayons eu depuis le retour de Serineq. -12°C, pas un souffle d’air, un ciel aigue-marine, et du soleil du soleil ! La veille il avait neigé, un peu, mais suffisamment pour que tout soit blanc blanc blanc … délice du café face à l’Ikerasasuaq, le grand chenal gelé qui nous sépare de l’île voisine.
Mais … siku ajorpoq. La glace est mauvaise. Jacob, toujours le premier à s’aventurer sur la glace est venu tout spécialement me le dire. « C’est pas encore bon pour aller à Aasiaat en moto-neige ». « Un café ? Non », un grand sourire et il repart. Comme c’est bien les gens ici ! Mais il ne fait pas froid, avant hier le thermomètre affichait encore – 3°C, et dans ces conditions, impossible à la glace de geler en épaisseur.
Pourtant la glace est bien présente, en tous cas il y en a trop pour pouvoir continuer d’aller à Aasiaat en bateau. Et donc, conséquence évidente: nous sommes bloqués depuis maintenant presqu’une semaine. Et les prévis n’annoncent rien de bon, c’est à dire rien de vraiment froid … Donc aucune raison que ça gèle plus …
C’est en cela que les caprices climatiques auxquels nous assistons sont un véritable problème pour les petits villages. Ça les coupe du monde pendant des périodes beaucoup plus longues qu’autrefois, où les embâcles étaient plus rapides, plus durables, sans ces redoux incroyables qui jalonnent maintenant les hivers. A l’épicerie, il n’y a plus aucun fruit, aucun légume, encore quelques œufs mais c’est la fin. Les personnes âgées hésitent à rester l’hiver ici: en cas de pépins, aller à Aasiaat est très compliqué, voir impossible. Beaucoup s’en vont là-bas, où ils ont de la famille.
Il n’y a plus que 50 personnes à Akunnaaq …
Artistes en Arctique 