Nous sommes allés à de nombreux kaffemik durant l’hiver mais vendredi c’était donc mon tour de recevoir. Nous avions fait des gâteaux dont les incontournables canistrelli, très appréciés ici. Il y avait aussi du pain bien sûr, juste sorti du four et qu’à Akunnaaq on aime déguster comme une brioche. Ce pain qui est venu avec moi et qui est reparti dans le sac de certains artistes et amis de passage. J’en profite pour vous en demander des nouvelles. Au village je l’ai proposé avec du miel, que j’avais aussi pris dans mes bagages, partie de mon village, un autre.
A l’école, après m’avoir chacun écrit un petit mot dans une carte et chanté une chanson tous ensemble, les enfants m’ont aidés à installer la table. Puis nous nous sommes attablés pour gouter le gâteau au chocolat jusqu’au moment où l’école s’est finie. Oui même ici où l’école suit le rythme tranquille de la vie groenlandaise, les enfants sont content qu’elle finisse. Alors comme des fusées, takuss, ils sont sortis. J’ai ensuite accueilli les habitants qui sont venus au fil de l’après-midi, les habituels mais aussi certains que je n’avais jamais vu ou seulement croisé une ou deux fois. Iserit, kaffisorusuppit ? takanna, qujanaq, illillu ! Des sourires, des haussements de sourcils, une chanson encore et même quelques cadeaux. Jens-Pi était là, il m’aide et me traduit les questions et les réponses, les petites phrases amicales qui me sont adressées. Des rires aussi et comme le sentiment d’être un peu chez moi autour de ces visages chaleureux que nous commençons à bien connaître. Et à l’école comme à notre deuxième maison, si je peux appeler le bateau maison.
Avec toutes ces rencontres, ces bons moments passés avec les habitants d’Akunnaaq, j’ai repensé à tous ceux qui sont venus cet hiver et qui ont aussi connu les gens que j’ai vu vendredi. Chacun en a gardé son souvenir, d’un côté comme de l’autre. Ici les histoires ressortent, accompagnées par les noms adaptés à la groenlandaise, Tipoo, Orili ou Arrno… Mes souvenirs à moi aussi sont nombreux et gardés par des dessins faits les quelques fois où j’ai pensé à sortir mon carnet sur le Manguier. Des croquis rapides, faits entre deux mouvements, avant un repas, dans ces moments où chacun de nous prenait le temps de s’arrêter et boire un verre parfois. Un moment de réflexion, de lecture ou de repos. Mais janvier et février ont été plus productifs. La deuxième résidence, en mouvement permanent, m’a moins permis de dessiner, c’est pour cela peut-être que je n’ai pas tout le monde. Vous les reconnaitrez, vous vous reconnaitrez, j’espère, même si parfois il n’y a qu’un dos qui s’active, quart de ceci ou cela, cuisine, pain ou vaisselle. J’avais beaucoup de détails que je n’ai pas mis, une main qui jouait de la flute ou de la guitare. Un livre posé sur des genoux. Des ordinateurs. Un œil, une bouche ou simplement un nez, des cheveux en pétard ou sous un bonnet. Le début d’un dessin que je n’ai pas fini car on bouge, se remet au travail après une pause, rigole ou raconte des histoires en gesticulant. C’est cela la vie en mouvement du Manguier, elle ne m’a pas toujours laissé le temps de croquer en entier. Les dessins ne sont pas justes mais gardent bien les souvenirs, alors je les partage avec vous.
Merci Louis, pour ces capsules de bonheur,
Patrick
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Louis, le mec avec les lunettes, il a pas l’air commode ! Pas un sourire. Constipé peut-être ? Faut dire que le cul nu sur la banquise, ça se prépare. Ca demande une concentration et une technique hors normes. Surtout quand la région est infestée d’ours affamés.
Bon, tu le sais déjà mais il t’aime bien quand même, le gugusse qui fait la gueule avec ses lunettes rondes.
Des bises, Arnaud
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