Le thermomètre du bord est très approximatif. En fait, on ne sait jamais précisément la température qu’il fait. Ça n’a en fait pas grande importance. D’autant qu’il y a d’autres repères. Déjà la température dans le carré, qui elle, est plus juste: si quand on se lève au petit matin (c’est à dire vers 9h/9h30 en ce moment !) il y fait moins de 10°C, c’est qu’on est descendu au dessous des -15°C. Ensuite il y a le pipi du matin. Lui permet un contact plus physique avec l’élément. Enfin, il y a l’état des sourcils, des narines, la sensation que l’on ressent en inspirant … Bref, on se passe très bien d’un thermomètre précis. Sauf que pour les tests d’Arnaud, il eut fallu un peu plus de rigueur. A moins qu’il n’ait son propre thermomètre.
Ce matin, et c’était une des toutes premières fois, il faisait vraiment froid. Le thermomètre indiquait -19°C, mais à Akunnaaq, on parlait de -31°C. Mais le temps était superbe, et pas un souffle de vent. Alors nous sommes partie: Loulou Théo Oïjha et moi. En skidoo et traineau. Vers l’infini de Saqqardlip, vers l’autre côté de l’île, face à Nivaq. Peu de mots échangés, beaucoup de regards. Des yeux dans lesquels on voit la beauté et le bonheur d’être ici.
Sur le retour, une motoneige, capot ouvert. Jens Pitaa ! Parti faire des photos, et tombé en panne ! Je le monte en haut d’un sommet d’un coup de moto neige, son frère est alerté, il viendra le chercher …
Nous rentrons. Glacés. Ravis. Les doigts commencent à faire mal dans la chaleur du carré, la soupe chinoise en plastique se transforme en délicieux velouté, les paroles reviennent. Ainsi que Jens Pittaa, sauvé !
Encore et toujours du bonheur !


Photos Théo Giacometti