Débarqués depuis peu dans le petit port de pêche de Harrington, passés les premiers regards étonnés (cela parait normal, on débarque sur une terre inconnue), on embouque les passerelles de bois qui forment les rues et facilitent le passage des quads (tout le monde a l’air de piloter ces engins) et nous commençons l’ascension des sommets surplombant le village.
Bon, c’est vrai et un peu présomptueux, il ne s’agit que de modestes collines rocheuses mais tout de même, elles doivent offrir une vision du paysage appréciable.
Comme souvent dans ces régions la progression se fait dans l’alternance de zones de tourbières et de roches affleurantes arrondies plus ou moins saillantes, mais celles-ci facilitent la marche, la roche est adhérente au pied contrairement aux mousses et mattes d’herbes souvent gorgées d’eau.
Au fur et mesure de la montée l’espace se dégage, la vision du paysage s’élargit et, après quelques hésitations sur le chemin à parcourir – il faut faire des choix, risquer de s’enfanguer dans quelque fondrière stagnante ou tenter l’escalade d’une falaise un peu hasardeuse – on arrive vers le sommet ou plutôt une ligne de crête où, dans les creux du granit, sont nichées de petites mares remplies d’eau sombre. Depuis le départ le vent est constant et assez fort mais heureusement pas trop froid et le soleil brille dans un ciel bleu parcouru de cirrus d’altitude.
Vers l’est le village et le port, le Manguier est bien visible avec ses mâts bipodes bien reconnaissables parmi quelques bateaux de pêche et un unique voilier.

Ailleurs et tout autour le panorama s’étale large et lointain, une insularité multiple, un semis de récifs, d’îles, d’ilots, de canaux (des rigolets en québécois), de crêtes herbeuses avec parfois une maison grande ou modeste, un peu inattendue. Un air de déjà vu faisant penser au voyage vers le passage du Nord-Est, la même illustration qui nous avait saisie lors de l’escale aux îles Versterhallen au nord de la Norvège.
Ah, mon ex-camarade de 2015, je retrouve le choix des mots… Tu dis que tu as hésité quant au chemin à emprunter pour arriver au sommet, mais te connaissant, l’hésitation fut de courte durée et déjà tu avais gravi comme une chèvre cette colline.
Patrick
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