Il y a un petit malin, quelque part, qui s'amuse avec le thermostat. Il le tourne dans tous les sens : froid, chaud, froid, chaud. À mon avis c'est parce qu'il est frustré de ne plus pouvoir jouer avec l'interrupteur qui fait jour, nuit, jour, nuit.
Au redoux du début du mois a succédé une période glaciaire d'environ 3 semaines (le liquide est redevenu solide), puis sans transition, en moins de 12 heures, sous l'action d'un vent du sud, le solide est retourné à l'état liquide.
Ce matin, assise sur le pont à l'avant du Manguier, le soleil me chauffe le visage. Une tasse de café à portée de main, j'écoute les bruits de la baie, si longtemps restée silencieuse.
Face à moi, plein Est, devant la coupée ouverte, il y a une grosse mare en formation, régulièrement troublée par le glouglou d'un chapelet de bulles. L'air emprisonné sous la glace s'échappe en milliers de minuscules geysers. Des gouttes clapotent et des bulles crépitent. De toutes parts, les éléments circulent et retrouvent leur place.
Plus haut dans le ciel, ça s'anime aussi. Les oies s'appellent, se regroupent, survolent la baie, se divisent. Des goélands se chamaillent et criaillent. Des cygnes caquètent émettant un son chaud et assourdi comme du bois sec qui s'entrechoque et qui rappelle un peu le chant du grand corbeau. Tout proche, il y a de petits oiseaux qui gazouillent suscitant des images bucoliques incongrues sur ces étendues de glace. Mais non après tout c'est le printemps pour tout le monde.
À bord, ça finit par s'agiter : une porte grince, des pas, un jet caractéristique qui s'abat en contrebas de la coque. Bonjour capitaine !
Un insecte bourdonne, ma tasse de café est vide.
Une bien belle mélodie …
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