Artistes en Arctique

Sous la direction de mes acolytes expérimentés, je tâte de nouvelles matières et de nouveaux plaisirs.

La glace de lac. Elle est noire, de loin, quand le vent en a chassé la neige. Elle glisse quand on essaye de marcher dessus. On parvient à le faire. Vue de près, elle est transparente comme de l’eau claire. Mais semble, une fois qu’on l’attaque, figée sur la totalité de sa profondeur. Elle présente quelques veines blanchâtres rectilignes. On l’attaque à petits coups, à la hachette, le long de ces veines. Puis en biais, avec le même instrument ou bien le lourd pic à glace. Des éclats se détachent, tels de gros éclats de verre (énormes de préférence). Qu’on entassera dans un sac et traînera jusqu’au Manguier pour les transformer en boisson.

La congère. La congère se débite comme du beurre à la scie égoïne, en moellons de neige de taille, assez lourds mais tout de même bien avantageux comparés à du granit de même dimension ! L’igloo à construire est à côté du bateau. La carrière est à terre car la banquise ne fournit pas encore le matériau. Liaisons par traîneau de cinq moellons.

Le vent de Nord-est qui soulève une brume de neige (et rappelle de loin à Cécile et Phil le blizzard de Paulatuk). Je ne sors pas en tâter. C’est poussé par cet élément que Phil va prendre le pouls de la vie nocturne un vendredi à Aasiaat et envoyer ce billet.

Ceux qui, au vu du titre, s’attendaient à la petite note scato typiquement karinhuetienne en seront aujourd’hui pour leurs frais.