Blogologos, Rupem varia, par Philippe Rigaud

La navigation au long des côtes du Labrador (le Laboureur ou le Travailleur, ce toponyme était-il une projection d'avenir dans l'esprit des découvreurs européens ?) un paysage marqué par de hauts reliefs plongeant dans la mer peut laisser surprendre du moins visuellement. Il est vrai que sur la carte le découpage cotier pouvait le laisser entendre mais le contraste ou la perception, rapport de la carte et de l'espace vécu, est évident.
Ces montagnes aux flancs coupés et abrupts parfois arrondies sur certains sommets sont ponctués de roches erratiques abandonnées par le retrait d'énormes glaciers depuis longtemps disparus. Ces pierres de toutes les tailles sont autant dispersées sur les flancs que les arêtes et parfois en équilbre sur deux ou trois cailloux. De couleurs marrons, grises et noires avec coulées de basalte, inclusions de ferrite et dalles de granit les pentes sont tout à fait verticales ou bien très raides alternées d'éboulis descendants jusqu'au bord de l'eau ne laissant libre que quelques rares petites plages enclavées. Ici la vigueur du relief impose le respect et emmène le visiteur vers une perception diffuse ouvrant vers l'immensité d'arrière plan, indifférente et hors du temps.
Arrivés à terre, au-delà de la mince bande laissée par mer montante ou descendante, au delà des rochers défendant l'accès et encore par delà un ruisseau d'eau de fonte, on peut trouver une tourbière dans laquelle l'eau sourd dans un tapis de mousse planté de quelques fleurs jaunes, parsemée de pierres grises couvertes de lichens. Un peu plus haut le rocher a été poli par l'action du glacier qui en a facilité l'adhérence et, de fait, une bonne progression vers les sommets. Arrivé là-haut le paysage se dévoile, vers l'est le sud etle nord la mer, des îles, des écueils, des calanques, des golfes, vers l'ouest les névés, d'autres montagnes, des failles encombrées de neige et aussi l'amorce de quelque vallée en U résultante de l'érosion glaciaire omniprésente.
Ce qui marque aussi, au fil de nos quelques escales dans les fjords, c'est cette impression de vide, c'est à dire l'absence de présence humaine, sans traces d'un passage récent si ce n'est quelques montjòias (cairns) édifiés sur certains sommets proches des mouillages. Pas de cabane, pas d'aménagement d'accueil même sommaire. Pas non plus, et c'est heureux, de laisses de mer sur les rivages si ce n'est celle des algues, fucus ou laminaires.


2 réflexions sur “

  1. Sur le site histoire maritime de Bretagne Nord, tu trouveras le récit d’ attaques de pêcheurs de Saint Malo par les Inuits au XVIIIe S., dans le Nord de Terre Neuve.
    Victime (innocente) de Windows 8, je ne suis pas arrivé à vous envoyer l’ ensemble du récit en Pdf, arriver à vous suivre a été suffisamment éprouvant….Amitiés à tous

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