Loin des éléments marins déferlants en vagues apocalyptiques, les nôtres seraient plutôt une douce et impitoyable prison, toute de blanc-gris-bleu parée, que seuls viendraient effleurer les pas patelins des ours blancs, les velouteux dos des bélugas et le souffle inconstant des vents incertains …
Mais aujourd'hui ces 40èmes, pour nous qui côtoyons le 74ème nord, sont seulement une bizarre facétie du calendrier venu nous chuchoter que nous sommes partis de Paulatuk depuis près de six semaines …
Sont-ce ces brises ensorcelantes, ces flots étales figés dans une attente insondable, ces glaces paresseuses, impertinentes et obstinées ou bien encore ces cieux indécents qui le soir venu se mettent à nu dans de torrides livrées ?
Est-ce cette somptueuse, glaciale et lumineuse partition de la nature qui a fait dérailler notre horloge interne ?
Ou plutôt, l'insidieuse petite musique du bord qui, une fois encore, nous a menés par le bout du nez ? Pas d'effusion, ni de lyrisme … C'est tout simple, et avant tout une question de rythme ! Ne cherchez pas bien loin, mais regardez bien tout y est : la table et les petits plats infinis, les quarts, les manœuvres, les stages en vigie, le saxo, la guitare, la flûte et le ukulélé, les tarots, les bouillotes et le poële à bois, les bouquins et les écrans plats.
Alors adieu, calendrier et agendas, plannings et rendez-vous ! Nous sommes pris.
Magnétisés par la navigation, scotchés à nos caps, rivés à la barre, tenaillés par les fumets de la cuisine, happés par le magnétisme des cartes météo et des mouvements de glace, figés en vigie les jumelles au front, nous affrontons avec extase les mille aléas et pépites de l'expédition et entassons pèle-mêle tout cela dans notre grand sac … Pour plus tard !
Prisonniers, nous le sommes. Le Manguier sait y faire ! Nous continuons à guerroyer autour de Bellot et la victoire, nous le sentons, est proche. Et bien entendu nous sommes déjà victimes du syndrome de Stockholm.


Et oui comme il est attachant ce Manguier et sa petite famille : son captain Phil, la douce Cécile et l’espiègle petite Agathe qui a mon avis (très personnel) n’est peut être pas pressé de retrouver l’école bien que la 6ème c’est aussi une aventure ….. bisous à tous courageux mangonautes
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