La journée commence par un réveil matinal à 7h10, prolongé jusqu’à 7h40 au lit … puis à peine réveillé, nous (Félicien et moi) partons à pied pour le Sullivik. Là une grande partie du village (mais la plupart des chasseurs sont absents, encore au lit ?) est réunie pour la levée des couleurs et entonner l’hymne du Groenland. Chant à l’image de l’espace temps du Groenland, un chant lent et long, qui n’a rien à voir avec la rapidité du monde moderne.

La journée est superbe, pratiquement pas de vent, grand soleil, et pas de moustiques !
L’hymne chanté, direction le Kattersortarfik, où nous attend un petit déjeuner. Tout le monde se régale de café, pain, fromages, charcuterie, confitures, et bien sûr les éternels bonbons.
Retour à la case avant le départ des chasseurs pour la chasse au phoque. Le départ est donné à 10h, Félicien embarque avec un jeune chasseur (Jacob), Anne et Aude embarquent avec un jeune couple. Je suis absorbé à bord du Manguier pour changer le boulon cassé du presse étoupe, et donc je ne rentre que vers 11h30, heure à laquelle les chasseurs reviennent avec leur prise. Bien évidemment, c’est Lars qui a réussi à tirer le premier phoque, un phoque groenlandais. Les filles reviennent aussi avec un phoque, et c’est avec les phoques en bandoulière que nous partons vers l’île d’en face (Merquarigsoq) pour le picnic. J’apprendrai que les chasseurs sont partis en trombe en direction de Nivaq, et que c’est là qu’ils ont attrapés les phoques.

Tout le village est sur l’île, et même beaucoup de gens qui n’habitent pas à Akunnaaq. Lars le premier dépèce son phoque, sous l’oeil attentif de tous, et chacun s’occupe de préparer sa soupe de phoque (suasat) sur des petits feux de toundra et de bois flottés. En plein dépeçage du phoque, le téléphone de Lars sonne, c’est Mari qui répond: choc des cultures, le portable et le dépeçage du phoque !
De son côté, Ana Nielsen prépare une soupe d’agneau, et Jens Pi fait cuire des saucisses. Les groupes se forment, un peu disséminés, mais chacun va rendre visite à l’autre. Les enfants et pas mal d’adultes en profitent pour partir à la chasse aux oeufs: oies, sternes, goélands et mêmes hareldes. Une oie est en train de couver, les enfants s’amusent à l’embêter, pour voir s’il y a des poussins.

Enfin, c’est l’heure du casse croûte. Tout le monde va d’un foyer à l’autre, pour goûter les préparations de phoques des uns et des autres. A noter que Lars a mis de côté les intestins, le foie, le coeur, et bien sûr de la viande. Je me régale, les autres français un peu moins. Le phoque, c’est quand même un peu spécial au début ! Puis café et gâteaux, apportés par les uns et les autres (sauf nous qui sommes venus les mains vides, ne sachant pas bien ce qu’il fallait prévoir …).
Mathias est là, égal à lui-même, avare en parole, mais souriant et toujours très attentionné (il me propose de goûter le coeur avec du gras, excellent). Il y a aussi Looqi, très sympa et sa femme Sophie, fille de Grethe, et aussi une autre fille de Grethe. Il y a tout le monde ou presque, sauf Knut, toujours un peu en retrait, Aqqalu, qui sans Ane ne participe à rien (le pauvre, Ane s’est cassée la jambe et il est tout triste), et bien sûr Jens, qui n’est vraiment pas intégré au village. Il y a Torben et sa jeune compagne, très sympa, il y a aussi la soeur de Jens Pi et son mari danois, directeur de la conserverie d’Aasiaat. Il y a Thomas, le père de Verti et sa femme.
Après le repas, nous avons un petit speech de Gert adresssé à Jens Pi pour sa contribution au maintien de la culture groenlandaise, suite à sa tournée dans la commune d’Aasiaat où il a animé des soirées sur les qivitoq et autres sorcières et fantômes.

Puis les jeux démarrent. Pour commencer un baseball version groenlandaise, nous formons deux équipes et nous rigolons bien. Ensuite match de foot, mais interdiction de courir, c’est donc un match à la marche.
Nous avons échoué l’annexe un peu à l’écart, et la marée descendant, elle se retrouve complètement au sec. Il faudra attendre. Mia revient les bras chargés d’oeufs d’oie, nous en donne un chacun et nous propose d’aller voir un bébé poussin de goéland de l’autre côté de l’île. Le poussin sert de peluche aux enfants, qui le caressent avec tendresse ! Poy (le fils de Elias et Paninguaq) est tout sourire comme à son habitude. Quelle merveille que ces enfants qui grandissent dans la liberté et la nature …. Quand nous arrivons au campement, nous voyons l’annexe à flot, avec Rikka et Jacob à l’intérieur qui rament ! Ils (tous les gens du village) sont allés la mettre à flot en la portant pendant que nous étions partis !
C’est le retour, tout le monde embarque pêle mêle dans les bateaux, et à 18h nous sommes chez JensPi pour voir le match de foot de la France contre les Pays-Bas. Assez décevant (0 à 0). A peine le match fini, nous repartons pour le Kattersortarfik pour la soirée danse et jeux. JensPi et Anna sont les animateurs. Les jeux sont marrants, avec toujours quelque chose à gagner, puis l’orchestre (Pittaa Nielsen au clavier et un gars de la commune d’Aasiaat déjà présent pour la présentation des artistes début mai à la guitare). Ambiance bon enfant, beaucoup de gens dansent, c’est vraiment rigolo. Thomas et sa femme n’en perdent pas une, c’est l’ancienne génération qui en profite le plus, peut être que quand on devient vieux, on comprend l’urgence à s’amuser. Les jeunes (peu nombreux) ont beaucoup de mal à danser.
Enfin, après une dernière ronde, à 22h15, la soirée se termine. Qujanaq, illillu, on range et chacun rentre chez soi.
Dehors, le soleil brille, les icebergs continuent de gronder, quelques bancs de brume traversent la baie sans véritablement s’arrêter. Une journée merveilleuse, une journée de fraternité humaine, beaucoup de bienveillance, beaucoup de rires, beaucoup de moments partagés de façon très simple et très spontanée.










