De Killinek à Nachwak par CZH
Le 10 aout 2015

Régime d'anticyclone, haute pression, ciel bleu et très léger vent portant. Comme un avant goût d'été indien sur le Labrador Nord. Le Manguier taille sa route, plein sud et longe la côte à bonne distance des hauts fonds, écueils et récifs affleurant. Le tracé chantourné de la carte marine prend forme sous nos yeux, les volutes de l'encre se transforment en falaises, abruptes, massives, ravinées. La roche à perte de vue est lourde, sombre, compacte, puissante. Dans le ciel, des cumulus de beau temps contrastent par leur légèreté, comme de petites touffes de duvet effiloché. Nous croisons quelques icebergs qui ont leur propre vitesse de croisière. Sortes de répliques de glace mouvantes des montagnes qui les surplombent.
On s'en approche, jusqu'à aborder l'un d'entre eux en forme de gros plateau. Philippe O et Robert muni du piolet débarquent, font quelques pas sur la croute vitrée et luisante de la bête, prélèvent un petit bloc pour l'anisette de l'apéro puis remontent prestement. A la fois émerveillés et impressionnés. Ça n'a rien à voir avec les blocs de glace de la banquise qui sont beaucoup plus stables. L'iceberg en raison de sa masse et de sa fonte est doté d'une personnalité au comportement complètement imprévisible. Respect et méfiance. On s'en approche, on les admire sur toutes leurs faces, on les salue puis on repart. Leur beauté agit comme un charme. On s'en écarte chaque fois un peu plus éblouis et stupéfiés.
80 Miles plus loin, nous entrons dans le fjord de Nachwak et mouillons dans la première baie pour y passer la nuit. L'air est d'une douceur surprenante, tout chargé de flagrances florales. Dans les ravines, les aulnes commencent à avoir une taille arbustive et dessinent sur les parois de la montagne un réseau de veines vertes. La nuit est tiède et tranquille. Le lendemain, une descente à terre stimule notre atavisme ancestral de chasseurs cueilleurs et nous repartons chargés de fagots de bois secs, bidons d'eau fraiche, myrtilles bleuissantes et brassées d'oseille sauvage. Une brise délicieuse nous porte vers Hebron.


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