Mécanicien en roues de brouette, par Patrick G.-L.

C’était une expression que mon grand-père utilisait pour qualifier un piètre mécanicien. Loin de moi l’idée de nous qualifier, Philippe et moi, de la sorte, simplement le matériau utilisé plus loin a fait ressurgir ces termes peu flatteurs. Et aussi parce que le résultat de la réparation du galet arrière droit de la chenille de la moto neige n’a pas été à la hauteur de nos espérances, dans un premier temps.

Philippe, en bon mainteneur des choses en ordre de marche, avait déjà imaginé de remplacer le défaillant par une roue en bois. Simple et de bon goût, non ?

L’affaire était bien avancée quand Lars, un chasseur du village qui cherchait à dire quelque chose à Philippe depuis un ou deux jours, revint avec la roue traîtresse. Hasard inouï, il l’avait trouvée sur la piste des motoneiges ; preuve est faite qu’il ne faut jamais désespérer et que même une roulette de quinze centimètres de diamètre peut ressortir d’un désert blanc balayé par le vent.

Nous pûmes constater que c’était le roulement arthritique qui avait jeté l’éponge. L’idée vint alors d’installer un roulement sur cette rondelle de bois. Roulement adapté au moyeu que Lars dénicha de sa boîte aux trésors. Vite fait, bien fait, les cotes furent prises, les gouges sorties, et Philippe tailla le logement du roulement. Puis nous l’installâmes et la roue fût mise à son poste. Après un essai concluant dans le village, nous prîmes la route vers le bateau.

A l’arrivée, joie et bonheur, la réparation avait tenu. Tournée générale, double ration pour l’équipage.

Le lendemain, au retour de la corvée d’eau, désenchantement … La motoneige ressemblait au fardier de Cugnot, emplissant l’air pur d’une odeur de bois brûlé ainsi que d’une épaisse fumée. L’eau est arrivée à bon port mais assurément, il faudra sur le métier remettre notre ouvrage.


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