Les chiens, par Cora

Velouté d’une course comme un trait sur la neige
Assise sur une peau moelleuse
Je sens bien péter les chiens

La veille, nous avions eu une discussion sur la ténacité des clichés qui colle à la peau du Grand Nord: grands espaces, gestes ancestraux, romantisme de l’explorateur anachronique.

Et puis débarque Ferdinand, ses 9 chiens et son traîneau.

– Qui veut faire un tour?

Comme Rémi, je me sens tout à coup devant la possibilité de faire « de la gondole à Venise ».

Qu’ont fait ces bêtes pour mériter de trimballer toutes ces tartines ingurgitées depuis un mois?

– Mais regarde comme ils ont l’air heureux de courir, ces chiens…

Dans la ligne qui ouvre la gueule en deux, je ne peux pas m’empêcher d’y voir des sourires ravis, la langue libre et dansante. Mouvements frétillants, joie communicative de poussins qui feraient du toboggan. Je pense à mes frères, avec qui j’ai tant aimé courir le plus vite possible pour se fatiguer le plus possible. Émulation de la meute.

D’accord, je me laisserai porter.

Et puis glisser, flotter, couler,
embarquer dans le discret frottement des pattes sur la neige, si doux après les chants de gorge épiques du skidoo.

En riant souvent parce que la joie est communicative, et la bouche grande ouverte parce qu’arrive la descente de la ‘Grande Montagne’ qui suspend mon cœur en haut de la piste.

Embarquant la novice en apnée, les chiens accélèrent encore pour garder le traîneau à bonne distance dans cet à pic qui espace les secondes. Mais comment va-t-on négocier l’arrivée inévitable de la banquise horizontale?!

Comme un chien,
qui court,
et qui sait très bien comment faire.

Revenus sur le plat du plancher des poissons, Ferdinand me montre sur son téléphone quelques photos de ses précédentes courses avec ses partenaires canidés, allume une clope, nous fait un selfie, parce que – oui – c’est une bien belle journée aujourd’hui, et encourage son équipage pour la dernière ligne droite:

– Tilililili!

– Shshshshsh…

– Gaq!

 

Ferdinand et sa meute
Dans l’effort


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